Bien-être au Travail


Pour La Gazette de La Défense.
Quatre questions à Catherine Cudicio, coach, intervenante en entreprise.

1. Peut-on concilier bien-être et vie en entreprise ?


Rappelons tout d'abord que l'entreprise est un lieu de vie particulier qui s'inscrit dans des perspectives de production et de rentabilité. D'où une certaine contradiction entre le mot "bien-être" qui s'associe généralement aux contextes de la famille et du plaisir, et celui "d'entreprise" qui se rapporte plus volontiers à des notions comme l'effort ou la compétition. Le risque de frustration est donc grand si l'on veut confondre les deux univers, même si l'idée de bien-être n'est pas totalement incompatible avec le monde de l'entreprise à condition de répondre à des objectifs cohérents et somme toute modestes.
Je préfère parler de qualité de vie au travail, cela recouvre davantage d'aspects, notamment les facilités, les services que vous évoquez plus haut, mais aussi l'ergonomie et l'organisation de l'espace. Cette année une commission européenne a désigné le stress comme un thème de lutte prioritaire afin d'améliorer les conditions de travail. Il y a en effet de lourds enjeux liés à la qualité de la vie au travail. 2. Quelles sont selon vous les attentes des salariés ?
Les demandes d'intervention explicitement formulées restent classiques : orientées vers des objectifs précisés en termes de résultats et de durée. Mais, d'autres demandes s'expriment en permanence et de façon moins explicite : la lutte contre le stress sous toutes ses formes et un intense besoin de reconnaissance, sans oublier les aspects relationnels et conflictuels.
Une des causes majeures de démotivation, voire de dépression c'est le sentiment de dévalorisation ou d'inutilité qu'éprouvent certains salariés et cela prend place dans un contexte relationnel souvent contraignant et peu gratifiant.
Une écoute attentive représente déjà une bonne partie de la réponse, si elle est suivie d'une action pertinente privilégiant les interventions centrées sur les besoins du salarié. Il s'agit de prévenir les conflits et de favoriser un développement personnel et professionnel, mais tout ne se résout pas dans le dialogue !
3. Quels avantages peuvent retirer les entreprises en proposant des services
de proximité (baby-sitting, pressing, coaching anti-tabac ect.) ?
Les services de proximité vont faciliter l'organisation de la journée du travailleur, notamment des femmes auxquelles incombent encore très souvent en France la quasi totalité des tâches de vie quaotidienne. En ce sens, les services de proximité ont pour effet immédiat de limiter les retards, l'absentéisme, et, par le confort apporté de rendre les gens plus efficaces. Moins on a de préoccupations " parasites " et mieux on peut se concentrer sur le travail…
Les autres services évoqués, notamment l'accompagnement anti-tabac, visent à préserver la santé du salarié et de son entourage, on ne peut qu'approuver, bien entendu.
Ceci dit, il semble utile de ne pas dériver jusqu'à estomper les frontières entre vie privée et vie au travail. Or, cela peut arriver, l'entreprise devenant une sorte d'entité féodale protectrice d'une communauté….
4. Le nombre accru des femmes en entreprise influence t-il le développement
de ces nouveaux services dits de "proximité" ?
Probablement, en effet, les femmes jouent un rôle dans les prises de décision de l'entreprise, et un rôle économique dans leur cadre familial. Toutefois, je pense que la progression des familles monoparentales et le grand nombre de célibataires a en quelque sorte rendu ces services nécessaires.

Propos recueillis par Claude Boiocchi


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