Bien-être ou mieux-être ?
Etre ou ne pas être, telle n'est plus la question, n'en déplaise à Shakespeare, aujourd'hui, Etre ne suffit plus, encore faut-il bien-être! Cette quête mobilise de plus en plus d'énergie, d'abord pour ceux qui s'y engagent, mais aussi et surtout ceux que cette forme de consommation fait surgir en grand nombre: les pros du bien-être.
Depuis des décennies, on nous assène des images et des vérités changeantes toutefois au gré des modes. Le bien être demeure intimement lié à la santé et à l'apparence.
Pour être bien, il faut être beau, en bonne santé, sans doute aussi assez riche pour s'offrir les différents accès à ce bien-être, et suffisamment jeune pour parvenir à tenir la distance sans s'épuiser.
Les choses ont-elles vraiment changé au fil des siècles quand on continue d'assimiler "bien-être" avec "jeune, beau, riche et en bonne santé"?
La tyrannie de l'image fait le bonheur des marchands de régimes amaigrissants, d'élixir de jeunesse, et de tout ce qui contribue à soigner le "look". Hommes et femmes sont concernés qui se lancent tête baissée dans des programmes de "remise aux normes" supposés leur donner l'aspect idéal qu'ils souhaitent.
Le bien-être n'est-il pas aussi "dans sa tête"? Qu'à cela ne tienne, il est très facile de trouver le bon gourou qui saura donner les bons conseils pour gérer tous les problèmes.
Et si malgré tout, comme le chantait Barbara, persiste un certain "mal de vivre", c'est qu'on a rien compris. Tant pis! Nous ferons la sieste tranquillement à l'ombre pendant la canicule tandis que d'autres, marcheront avec ardeur vers plus de bien-être, s'épuiseront en vaines gymnastiques, bouderont leur gourmandise, épancheront leurs frustrations chez leur gourou, et, face à la chute libre du montant de leur compte en banque, n'auront plus qu'à rester Zen!
Le véritable bien-être résulte d'un art de vivre, d'un équilibre, du respect de sa nature, c'est beaucoup plus qu'une affaire de mode, d'argent et de "look". Profitons des multiples moyens que nous proposent les "pros", mais restons décideurs de notre propre bien être.Catherine Cudicio Le 18 Juin 2002